ETHNOCIDE ET ÉCOCIDE EN COURS
Au cœur de la forêt tropicale de la réserve biologique d'Indio Maíz au Nicaragua, le peuple autochtone Rama et les Kriol d'ascendance africaine voient leur culture et leur terre de plus en plus menacées.
« Ici, c'est l'Eldorado des nouveaux colons ! Ils viennent à la réserve biologique d'Indio Maiz, ils déboisent soit en brûlant soit à la tronçonneuse, ils plantent — du maïs, des haricots ou du fourrage, pour l'installation des vaches — et ils revendent. En un an ils font un gros profit et les colons suivants font de même, ils s'installent, agrandissent le terrain et ça continue. Jour après jour, la réserve disparaît », déclare Santo, un indien Rama vivant le long de la rivière Indio.
70% de la réserve biologique Indio Maiz fait partie du territoire Rama et Kriol. Ce territoire — normalement accessible uniquement aux Rama et Kriol et géré par le gouvernement du territoire Rama et Kriol basé à Bluefields — a cessé d'être protégé par le gouvernement national depuis 2015. Cependant, le changement a vraiment eu lieu en 2018, après l'incendie criminel qui a détruit 5000 hectares de forêt perpétrés par l'un de ces « nouveaux colons », habitant pauvre du reste du pays.
Les ONG locales ont essayé de faire du bruit sur cette situation. En conséquence, elles ont été dissoutes, interdites de parole et leurs membres ont été contraints à l'exil comme Amaru Ruiz, président de la Fundación Del Río.
On observe aujourd'hui un flot quotidien de bateaux naviguant sur le fleuve Indio que normalement seuls les indiens Rama et le peuple Kriol sont autorisés à emprunter. Ces derniers affirment : « Dès que nous essayons de discuter avec les colons appelé aussi Mestizos, ils sortent les armes. Ils savent qu'ils sont illégaux, mais ils savent aussi qu'ils sont protégés par le gouvernement. Avant, il y avait un poste de contrôle à l'entrée du fleuve et aussi deux bateaux qui patrouillaient régulièrement pour lutter contre l'occupation illégale des terres et le braconnage. Désormais, le braconnage est devenu la norme et plusieurs espèces d'animaux comme les jaguars, les tapirs, les aras verts et les pécaris sont de plus en plus difficiles à rencontrer. Et surtout, il y a de moins en moins de poisson alors que c'est notre alimentation de base ».
Les quatre rangers Rama, comme Pablo Solano, équipés par le gouvernement Rama et Kriol de GPS signalent les violations avec la localisation de nouveaux colons au gouvernement Rama et Kriol. « Nous envoyons les rapports mais rien ne se passe », s'énerve Pablo qui déplore plus de 1000 habitations illégales. Et un niveau de déforestation estimé entre 20 et 30% d’un espace qui est considéré comme une des plus ancienne et plus grande forêt tropicale d’Amérique centrale.
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